Rencontres en couleurs

Parmi mes navigations, la découverte de la mer Méditerranée à la voile, est l'une des plus marquantes : quasi absence de marées qui étonne le marin breton habitué à de forts marnages. danger des madragues ou filets à thons, signalées par des flotteurs et des balises au ras de l'eau, mers courtes et croisées, virement vent de vent pour éviter d'empanner afin de ménager le mât, les voiles et le gréement du bateau dès force 6 beaufort, effet venturi avec des vents passant de 15 à 35 nœuds à l'approche des caps, chaleur et orage, force des paysages et des jeux de lumières…

Parti de Brest, le bateau que je dois convoyer à Dénia le port d'embarquement des Baléares, est en escale technique à Vila Real de Santo Antonio sur les côtes sud du Portugal à deux pas de l’Espagne. L'arrivée à la voile sur Tarifa révèle une ville fortifiée dans la région de Cadix en Andalousie, célèbre pour ses vents forts et ses vagues, un spot prisé des surfeurs. Elle marque l'entrée du détroit de Gibraltar entre Europe et Afrique. Les colonnes d'Hercule entre la côte espagnole au nord et les montagnes de l’Atlas au Maroc au sud, impressionnent par leurs paysages.
Symbolique et grandiose, l’entrée du détroit annonce une navigation où la vigilance est de rigueur afin de parer les dangers de la navigation en dépit de la séparation du trafic maritime particulièrement dense sur 14 kilomètres de large, 59 km de long avec des fonds de 300 mètres.
Le peintre, lui, retient la variété la force et l'intensité des lumières qui confèrent aux couleurs une profondeur et un éclat incomparables. Le bleu par exemple se décline en nuances de bleu reflex, hoggar et outremer…

De retour en Bretagne, dans le secret de l'atelier, debout face au chevalet, les 146 cm de long sur 114 cm de haut de la toile blanche en lin en imposent. Le couteau à peindre en mains, le peintre compose, sa gestuelle libère peu à peu formes et couleurs afin de créer une ambiance au parfum de méditerranée...

© Eric Berthou